1 De multiples horizons
Des rives du gave de Pau à l’éperon du château, en passant par le ravin du Hédas, la cité se déploie en escalier sur de multiples hauteurs, dévoilant de nombreux panoramas.
Dans son vieux bourg, étiré en contre- bas du château, les rues s’entre- croisent, se chevauchent parfois, ponts et escaliers assurant alors la communication entre elles.
Photo : Au centre de la ville, un château et une cathédrale à la flèche gothique effilée. À leur pied, une cité dense avec des constructions médiévales ou plus récentes mais toujours élégantes. En contrebas, encore des faubourgs parsemés de jardins et de parcs, étirés le long des rives du gave de Pau. Et au loin, les montagnes.
Par leur architecture, les maisons de ce quartier se rattachent au style pyrénéen.
Teintées d’austérité, elles arborent de solides maçonneries en galets et pierre d’Arudy, que coiffent de hautes toitures pentues couvertes d’ ardoises.
Photo : Les immeubles hauts du bourg médiéval, au pied du château, datent du XVIe siècle et se blottissent le long de rues étroites.
À deux pas de là, marquant la frontière méridionale de la ville haute, le boulevard des Pyrénées offre ses légendaires paysages sur les pics voisins.
Conçu comme une réplique montagnarde de la promenade des Anglais à Nice, le boulevard des Pyrénées conserve le souvenir des élégantes qui y ont déambulé.
Çà et là subsistent de belles villas et de grands hôtels qui témoignent du faste aristocratique de la ville à l’époque de sa construction, en 1899.
Photo : Le mythique boulevard des Pyrénées conserve quelques magnifiques villas contemporaines de son aménagement. Pour exemple, la villa Challe, sise au numéro 14. Daté de 1929, l’édifice déploie en façade colonnes néoclassiques et motifs floraux, typiques du style Art déco.
En contre- bas, reliée par un funiculaire mis en service en 1908, la ville basse s’étend le long du gave de Pau. Celui-ci, par sa force hydraulique, y a stimulé l’implantation d’activités industrielles.
Photo : Au centre-ville, l’architecture du Palais des Pyrénées propose une réinterprétation des anciennes halles qui existaient au même endroit.
2 Le berceau d’Henri IV
Son site admirable, au carrefour d’importantes voies de circulation et en surplomb de l’un des rares gués franchissables du gave de Pau, prédisposait le château de Pau à connaître une grande destinée.
Petit poste de garde cerné de pieux autour de l’an 1000, celui-ci s’est développé au fil des siècles jusqu’à devenir une résidence princière au XVe siècle.
Photo : Magnifique résidence princière à l’ornementation Renaissance, le château de Pau conserve un accent médiéval prononcé. L’ensemble ayant été encore infléchi par une ultime restauration au XIXe siècle.
Au XVIe siècle, la famille royale de Béarn et de Navarre s’y installe, faisant venir des rives de la Loire ouvriers et artisans qui remanient les façades dans le plus pur style Renaissance.
Photo : Tenue pour l’ancienne chambre des rois de Navarre, la chambre des souverains fut aussi celle de Napoléon III lors de ses séjours à Pau. C’est lui qui fi t installer ce lit à baldaquin et colonnes torses.
Ancienne salle du trône des rois de Navarre, le grand salon abrite une cheminée du XVIe siècle, mais le mobilier et la décoration ont été entièrement revus au XIXe siècle.
Bien plus tard, alors que le Béarn est rattaché à la couronne de France et que l'édifice a perdu son statut de résidence princière, c’est au tour de Louis-Philippe, puis de Napoléon III d’y réaliser d’importants travaux.
Au-delà de sa valeur architecturale, l’édifice est marqué par la naissance du Bon Roi Henri. Son berceau, fait dans une carapace de tortue, des tableaux figurant des scènes majeures de sa vie et des statues à son effigie ponctuent la visite des salles intérieures de son souvenir..
Photo : De style Renaissance, l’escalier d’honneur voit trôner sur l’un de ses paliers une statue d’Henri IV.
3 Une forte empreinte anglaise
Les Palois aiment à raconter que l’attachement des Anglais pour leur ville date du passage de l’armée de Wellington, en février 1814, alors que celle-ci poursuivait les troupes napoléoniennes chassées d’Espagne.
Photo : Souvenir des belles heures de Pau, les villas des Anglais déploient, dans leurs parcs arborés, luxe et originalité. Celle-ci associe styles anglo-normand et chalet.
En fait, c’est vers 1830 que les Anglais s’installent à Pau. L’afflux de la bonne société anglaise va modifier la physionomie de la ville (alors qu’elle tournait le dos aux Pyrénées, elle va s’ouvrir vers elles).
Photo : Derrière sa façade de manoir à tourelles, la Villa Navarre, aujourd’hui transformée en hôtel de luxe, est un bel archétype des villégiatures d’hier.
Dès 1856, le boulevard des Pyrénées est en projet. De majestueuses villas s’implantent sur le coteau qui prolonge cet axe. Leur architecture rompt avec celle de la vieille ville.
Photo : Ce splendide portail Art nouveau est visible dans le quartier Trespoey où de nombreuses demeures ont été construites au tournant du XXe siècle.
Leur architecture rompt avec celle de la vieille ville. Baroques, victoriennes, classiques, flamandes, gothiques, italiennes… elles en appellent à cet éclectisme qui caractérise l’architecture des villégiatures fortunées au XIXe siècle.
Photo : La pièce majeure du palais Sorrento, véritable palazzo à l’italienne, est sans doute son massif donjon crénelé. C’est l’une des plus imposantes villas de Pau.
Parallèlement, des équipements de loisirs voient le jour. Le premier golf du continent s’installe près du centre-ville, en 1856. Casino, grands hôtels, palais d’hiver apparaissent également.
Photo : Le Pau Golf Club arbore un pur style victorien. Avec ses lambris peints en vert, ses bow-windows et sa toiture d’ardoise, son architecture a des allures de cottage.
4 Une ville toute verte
La forte présence des parcs et des jardins à Pau est due à son climat doux et humide qui favorise l’épanouissement de la végétation et l’acclimatation d’essences rares et variées.
En témoigne la palmeraie, plantée en contrebas du boulevard des Pyrénées, qui lui vaut le surnom de Ville aux Mille Palmiers.
Photo : À la fin du XIXe siècle, Pau s’embellit d’une palmeraie, située en contrebas du boulevard des Pyrénées, lequel gagne une touche exotique qui accroît encore son prestige.
La plupart des espaces verts s’inscrivent dans le domaine royal ou au sein des parcs des villas anglaises du XIXe siècle.
Ainsi en est-il, par exemple, du parc du château, boisé d’ arbres pluricentenaires, qui se déploie sur dix-neuf hectares à l’ouest du château, reliant celui-ci au Pau Golf Club.
Photo : Derniers-nés des jardins de Pau, ceux de l’hôtel du département affichent une facture des plus contemporaines, marquée par une structuration simple de chemins d’eau et de grandes pelouses.
Ouverts au public, les parcs Beaumont ou Lawrance étaient à l’origine des jardins privés.
Création du XXe siècle, les jardins du nouvel hôtel du département affichent, par leurs lignes contemporaines et leur charme, la volonté paloise d’entretenir cette tradition.
Photo : Située à l’arrière de l’église Saint-Martin, la statue du colossal monument aux morts semble s’abîmer dans la contemplation des Pyrénées qui se dressent face à elle.
5 Le musée des Beaux-Arts
Aux origines de ce musée se trouve un homme, Charles Le Coeur, fondateur d’une société des Amis des Arts, qui réunit quelques belles œuvres dignes d’attirer l’intérêt de la riche société anglaise exilée à Pau.
Photo : Tendu de rouge, le somptueux hall du musée accueille le visiteur sous l’égide d’une toile d’Eugène Devéria (1805-1865), fi gurant la naissance d’Henri IV.
Parmi ses premières acquisitions, beaucoup de petits maîtres locaux, et une œuvre un peu singulière d’un artiste alors méconnu : Un bureau de coton à La Nouvelle-Orléans, signé Edgar Degas.
Un achat de mécène qui ne coûta alors pas plus cher au musée naissant que ses toiles régionalistes.
Photo : Ce Bureau de coton à la Nouvelle-Orléans, premier Degas à avoir été acheté par un musée,)fait partie des premières acquisitions du musée des Beaux-Arts.
Une acquisition qui marque la naissance d’un fonds qui va ensuite régulièrement s’enrichir de toiles d’autres maîtres majeurs, parmi lesquels Rubens Berchem, Le Greco, Piazzetta ou plus récemment Fernand Léger et Jérôme Wallace.
Photo : Les écoles italienne, française, flamande, hollandaise, anglaise ou espagnole sont réunies dans le musée. Ici, des œuvres d’Émile Jacques ou de Jules Adler, représentants de l’école réaliste.
Moins connus, mais également dotés d’un grand talent, des peintres régionaux ont fourni une part importante de son fonds : citons parmi les plus remarquables Eugène Devéria, et son élève Victor Galos.
Photo : La Rolande de Robert Wlerick.
Ces collections d’abord installées dans le palais de Justice, puis dans l’ancien asile de la ville, sont aujourd’hui rassemblées dans un beau bâtiment Art déco inauguré en 1931.
Son éclairage zénithal magnifie les œuvres, densément accrochées, du fait de sa taille relativement modeste. Ce qui ne l’empêche pas d’être le deuxième musée de la région Aquitaine après celui de Bordeaux.
Photo : Le musée des Beaux-Arts de Pau est installé dans un bâtiment sobre et épuré, caractéristique du mouvement Art déco.